Les AI Overviews transforment la recherche : quels effets pour les sites de presse ?
Les AI Overviews sont des réponses rédigées en langage naturel qui synthétisent plusieurs sources d’informations. Ces encarts de texte, anciennement appelés Search Generative Experience, apparaissent directement sur la page de résultat de Google et masquent les autres résultats de recherche. Quelles sont les conséquences pour les éditeurs de presse en ligne ?
Les éditeurs de presse en ligne face aux moteurs de recherche
L’arrivée de la presse sur le web a permis aux éditeurs d’acquérir une nouvelle forme de visibilité. Progressivement, de nouveaux modèles économiques et sources de revenus ont vu le jour.
Les moteurs de recherche ont rapidement fait leur apparition pour rendre les contenus hébergés sur le web facilement accessibles aux internautes. Il faut souligner que le rapport de force n’a jamais été égalitaire. Les éditeurs de presse ont toujours fortement dépendu de la manière dont ils rendaient visible leur contenu. À l’heure actuelle, Google détient plus de 80% des parts de marché des moteurs de recherche. Ce sont donc ses règles et ses exigences qui font la loi.
Pour éviter de voir leur contenu invisibilisé, les éditeurs de presse ont mis en œuvre plusieurs techniques. Par exemple, la diversification des sources de trafic est essentielle. Google Discover et Google News représentent plus de 50% du trafic vers les sites de presse en ligne. L’optimisation des articles pour améliorer leurs classements dans la SERP n’est donc pas la seule piste à explorer. La menace que représentent les AI Overviews rappelle l’importance de compter sur différentes sources de trafic.
AI Overviews et éditeurs de presse
En mai 2024, Google lance la fonctionnalité AI Overview sur son moteur de recherche. Si, à l’origine, 90% des requêtes sont concernées, la fonctionnalité ne se déclenche plus que sur 30% des requêtes en juin cette année. De plus, le type de requête semble influencer leur apparition. En effet, dans un webinaire de juin 2024, Semji a mis en évidence que le secteur de la santé et les requêtes longues déclenchent régulièrement l’affichage d’un aperçu IA.
Bien que les AI Overviews ne soient pas arrivées en France, les éditeurs des pays concernés par cette mise à jour ont constaté une baisse du trafic après leur déploiement. Gartner prévoit d’ailleurs une baisse du volume des recherches de 25% d’ici 2026 sur les moteurs de recherche, au profit des chatbots IA. En effet, les AI Overviews proposent une réponse à la requête d’un internaute. Ce dernier n’a donc pas nécessairement besoin de se rendre sur le site internet pour approfondir ses recherches. Pour autant, les sources utilisées par l’IA de Google sont toujours citées en marge de la réponse générée. Il peut donc être véritablement utile d’y figurer.
👉 Découvrez 8 bonnes pratiques pour y parvenir.
De plus, le rapport de force semble pencher encore davantage en faveur de Google. En effet, une étude de Bloomberg a révélé que les éditeurs ne peuvent pas refuser de faire indexer leurs contenus par GoogleBot, sans risquer une perte de trafic désastreuse. En effet, GoogleBot indexe les contenus dans le moteur de recherche, et utilise ces mêmes contenus pour alimenter l’IA. Si les éditeurs souhaitent figurer dans les SERPs, ils doivent consentir à céder leur contenu à l’intelligence artificielle.
Tous ces éléments fragilisent les éditeurs de presse. Qu’ils misent sur la conversion de leurs lecteurs en abonnés fidèles, ou bien sur la rétribution de leur travail grâce à des annonceurs ou des dons, les éditeurs ont avant tout besoin de générer du trafic.
Les AI Overviews : en route vers la désinformation ?
Lors du lancement des AI Overviews, plusieurs erreurs dans les réponses formulées automatiquement ont fait du bruit. Et pour cause, les conseils sont parfois dangereux pour la santé. À ce propos, le PDG de Google a réagi en exprimant son mécontentement.
La présence d’erreurs dans les AI Overviews soulève des inquiétudes quant à la propagation de fausses informations. Si ces réponses générées par IA se généralisent et que les internautes s’y fient, cela fait courir un risque de désinformation majeur.
Initialement, on pouvait espérer que les aperçus IA soient une fonctionnalité véritablement user-centric, étant donné qu’ils permettent de répondre aux attentes des internautes instantanément et sans leur demander d’efforts. Cependant, ils semblent plutôt représenter un risque étant donné qu’ils :
- Empêchent la confrontation des sources
- Ne permettent pas de formuler une pensée critique
- Augmentent le risque de diffuser des fake news
Face au pillage des contenus des éditeurs de presse par les IA, plusieurs initiatives voient le jour.
On peut notamment citer une proposition de loi en date du 12 septembre 2023 portant sur l’encadrement de l’IA par le droit d’auteur.
L’alliance de la presse d’information générale (APIG) porte également la voix des éditeurs de presse et sensibilise les pouvoirs publics à ces sujets. Leur objectif principal est de leur permettre de faire valoir leurs droits.
L’UNESCO travaille aussi en faveur de l’éducation aux médias et à l’intelligence artificielle.
De son côté, Google a lancé la Google News Initiative pour soutenir le journalisme de qualité en proposant des outils et des formations aux éditeurs. L’objectif de cette initiative est de les aider à tirer parti de l’IA.
Ce sujet vous intéresse ?